Les Franco-Ontariens et les luttes scolaires: La crise du Règlement XVII*
Article du Devoir (copie électronique)

Franco-Ontariens - Notre avenir n'est pas menacé, M. Duceppe!


Monsieur Gilles Duceppe,

Je tiens à réagir aux propos que vous avez récemment tenus à l'émission 24 heures en 60 minutes, sur les ondes de Radio-Canada, au sujet de l'assimilation des francophones hors Québec. Ceux-ci m'ont rappelé à quel point la réalité franco-ontarienne, celle qui se vit en 2011, gagne à être connue et reconnue. Je m'adresse aujourd'hui particulièrement à nos amis et voisins québécois afin de leur dire que les Franco-Ontariennes et les Franco-Ontariens ont un présent et un avenir bien plus attrayants que vous ne le prétendez.

Voilà 400 ans que les francophones sont présents en Ontario. Aujourd'hui, le fait français a pris toute sa place en Ontario. Selon le recensement fait en 2006 par Statistique Canada, la communauté francophone de l'Ontario est composée de 582 690 personnes, soit 4,8 % de la population totale de la province. Ce taux n'a fait qu'augmenter depuis 1991. Depuis ma nomination comme ministre déléguée aux Affaires francophones de l'Ontario en 2003, je me suis engagée à assurer l'épanouissement de la communauté franco-ontarienne sur les plans social, culturel, économique et politique. Élément-clé de ce développement, les francophones de l'Ontario ont accès à l'éducation en langue française de la maternelle au niveau postsecondaire.

Pour l'année scolaire 2009-2010, les 12 conseils scolaires de langue française ont obtenu un financement de 1,21 milliard de dollars, soit le plus gros montant jamais consacré par la province à l'éducation en langue française. Par ailleurs, depuis 2003-2004, le ministère de la Formation, des Collèges et des Universités de l'Ontario a investi plus de 500 millions de dollars, ce qui représente une hausse de 64 % sur 8 ans.


De plus, selon une étude réalisée par l'Institut de la statistique du Québec en février 2010, le taux d'obtention d'un diplôme universitaire est plus élevé chez les Franco-Ontariens que chez les Anglo-Ontariens et les Franco-Québécois. Il ne faut pas oublier qu'un grand nombre de Québécois choisissent de poursuivre leurs études en français dans l'un de nos trois collèges francophones ou l'une de nos six universités francophones ou bilingues, reconnaissant ainsi la qualité de l'enseignement postsecondaire prodigué ici. D'ailleurs, le journal Le Droit relatait récemment les cas de résidants de l'Outaouais qui se voyaient refuser un emploi au sein du gouvernement du Québec pour avoir étudié en français en Ontario.

Des lois qui protègent

En 1984, la Loi sur les tribunaux judiciaires a reconnu le statut officiel du français dans les cours provinciales de l'Ontario. De plus, la Loi sur les services en français, adoptée en 1986, reconnaît l'apport du patrimoine francophone et garantit au public le droit de recevoir des services gouvernementaux en français dans 25 régions désignées de la province. Le Commissariat aux services en français, que nous avons créé en 2007, y veille. De plus, TFO Groupe Média, disponible aussi au Québec, au Nouveau-Brunswick et au Manitoba, a obtenu sa pleine autonomie en 2008 et est une institution-phare pour la francophonie ontarienne.

Comme vous pouvez le constater, les Franco-Ontariens vivent un présent à leur image et, chaque jour, mettent l'accent sur leur avenir en se mobilisant au sein de centaines d'organismes et d'associations qui font la promotion de leurs droits, de leur culture et de leur identité.

Ainsi, l'Ontario français fête son identité à travers des célébrations telles que celles du 25 septembre, Jour officiel des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes, et grâce à de nombreux festivals permettant d'apprécier la culture franco-ontarienne et la maturité de personnalités et d'artistes comme Daniel Poliquin, Damien Robitaille, Andrea Lindsay et Véronic DiCaire. Il me ferait plaisir de vous inviter à participer aux prochaines éditions du Festival franco-ontarien d'Ottawa, de la Franco-Fête de Toronto et du Salon du livre de Sudbury, entre autres.

Forts de leurs progrès constants, les francophones de l'Ontario envisagent certes leur avenir avec bien plus d'optimisme que vous. Appuyés par leurs amis du Québec, du Canada et de tous les pays francophones, ils se joignent à moi et à tous les Ontariens pour vous dire que le français, ici en Ontario, est bien vivant et en bonne santé.

Le slogan de la province de l'Ontario est Tant à découvrir, et je souhaite donc que ma démarche favorise une meilleure connaissance de l'Ontario et de la francophonie ontarienne afin d'engendrer des rapprochements significatifs et porteurs entre les francophones de l'Ontario, du Québec et du Canada.

Je vous offre, monsieur Duceppe, mes salutations distinguées.
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Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones de l'Ontario